Les conseils
(extraits de L’art de jouer la basse de viole, Pierre Jaquier)


Syrinx, basse française de Pierre Jaquier

 

Les conseils de Pierre Jaquier, luthier
Pierre Jaquier, dit "Mathias" est décédé le 31 août 2010 à l'âge de soixante et un ans.
(extraits de L’art de jouer la basse de viole, Pierre Jaquier)

Pour calculer le diamètre de vos cordes : http://www.gamutstrings.com/calculators/calculator.htm 

Conseils d’entretien et de dépannage.

.un instrument de musique est un compagnon de toute une vie. Du soin qu’on y apporte dépend sa bonne condition, sa longévité, son embellissement sonore Les conseils suivants, que chacun peut mettre en pratique, y contribueront. Les trucs de dépannage sont ce qu’ils sont et ne prétendent pas se substituer au travail du luthier. Mais il est bon de savoir se débrouiller : combien de musiciens en tournée complètement démunis par un ridicule petit accident ?

Entrepôt de l’instrument

Garder l’instrument de préférence dans son étui quand on ne l’utilise pas et descendre d’un ton les cordes pour une période prolongée. L’archet est à détendre chaque fois qu’on s’en est servi.

Le bois est très sensible aux variations hygrométriques, beaucoup moins aux changements de température : on s’efforcera de maintenir une humidité ambiante constante (60%).

Tenue de l’instrument

Ne pas saisir la viole par le manche (déplacement possible des frettes) ni par le bout de la touche (risque de décollement) : la prendre au pied du manche, un doigt sous la touche contre l’appui. Un coup sec sur le cordier peut provoquer de graves fractures de table : on aura le réflexe de poser la viole sur le bout de la chaussure et non directement sur le sol. Faut-il préciser qu’on joue les mains propres ? Talquer en cas de transpiration excessive.

L’instrument se pose sur les éclisses, ou la tête sur un siège, mais jamais à plat sur une surface nue et froide : la brusque différence de température peut provoquer des décollements. Il vaut mieux le recoucher chaque fois dans son étui.

Nettoyage

Essuyer régulièrement avec un tissu de soie fine la colophane qui se dépose sur la table, car elle entre en composition avec le vernis, noircit et se laisse très mal retirer. Essuyer la baguette de l’archet. Essuyer également la buée due à la transpiration, qui souvent brûle le vernis et attaque le bois. Passer un chiffon entre la touche et les cordes.

Une peau de chamois souple suffit à l’entretien courant du vernis, le dégraisse et le lustre. Les tâches s’enlèvent très facilement à la salive, le meilleur et le moins dangereux des nettoyants. Les vernis étant en général perméables aux matières grasses, éviter l’huile d’amande douce et autres " popotes " d’ébéniste ; le luthier se chargera de nettoyer et de redonner de l’éclat à un vernis encrassé et terni. Les crins de l’archet se lavent à l’eau et au savon de Marseille. Prendre garde de ne pas mouiller les cales qui fixent la mèche : elles gonfleraient et feraient éclater la tête ou la hausse.

Enlever de temps en temps, avec un coton imbibé d’alcool, la croûte de colophane qui se forme autour des cordes et les fait siffler et cracher. On peut graisser, sauf bien sûr au passage de l’archet, les cordes de boyau avec de la vaseline pour les conserver plus longtemps.

De temps à autre nettoyer l’intérieur de l’instrument en introduisant par les ouïes une bonne quantité de riz et en agitant dans tous les sens.

Les frettes

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… Si la concavité longitudinale de la touche est bien faite, on peut entoucher avec le même diamètre de boyau. Sinon – et Trichet le recommande – employer des diamètres décroissants. Les grosses frettes (corde de mi) sont plus confortables, donnent plus de précision dans le jeu et permettent même, le cas échéant, une correction de la justesse par la pression du doigt. Ne pas mouiller les boyaux avant de faire les frettes : elles se détendraient en séchant et s’effilocheraient. En revanche on mouillera des deux bouts juste la longueur qu’il faut pour bien serrer le nœud et on le brûlera. Attacher la frette assez bas (accoustiquement parlant) et la mettre en place en poussant avec les ongles côté touche et non derrière le manche pour éviter de rayer le vernis et de marquer le bois.

Tourner les frettes de 2 ou 3 mm quand elles commencent à s’user. Si une frette est lâche, glisser dessous un morceau d’allumette.

Les chevilles

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Eviter les enroulements superflus des cordes qui forcent les chevilles dans leur logement et contribuent à les déformer. Trois enroulements pour les grosses cordes et les cordes filées, cinq pour les cordes fines sont assez. Pas de nœud : il suffit de faire le premier enroulement du côté de la queue de la cheville, puis les autres du côté de la tête en coinçant le bout de la corde. On arrête le glissement d’une corde dans un trou trop grand à l’aide d’un morceau d’allumette taillé en pointe.

Si les chevilles tiennent mal l’accord, désencrasser avec du papier de verre fin, frotter avec du savon de Marseille bien sec et adoucir avec de la craie. La mine de crayon gras, qui contient du graphite, donne de bons résultats aussi. Les chevilles fonctionnent mal quand elles se sont ovalisées. On peut les gratter ou les limer là où apparaît la trace de frottement , jusqu’à ce que cette trace fasse le tour de la queue. Si la cheville fait un mouvement de va-et-vient dans son logement, cela signifie que la cheville et le logement sont ovalisés : le mal est difficile à réparer sans alésage. Gratter la cheville et placer dans le logement un morceau de papier buvard.

On accorde d’une seule main. Pour les cordes aiguës, le pouce prend appui du côté des chevilles graves et l’on saisit la cheville à tourner à pleine main ; pour les cordes graves, on prend la cheville entre le pouce et l’index et l’on appuie de l’autre côté avec le petit doigt. Commencer par détendre un peu la corde, puis la monter jusqu’à la bonne hauteur. L’inverse produit une sous-tension du tronçon de corde compris entre la cheville et le sillet qui peu à peu fait baisser le reste.

Le sillet

Un sillet trop haut fatigue les doigts ; trop bas il fait friser les cordes. On abaisse les encoches au moyen d’une petite lime de bijoutier ronde qu’on appelle queue de rat. On surélève un sillet trop bas à l’aide d’un morceau de bristol ou de carton glissé par-dessous. Polir l’encoche avec une vieille corde filée. Si la corde s’effiloche au passage du sillet, briser légèrement l’arrête au bout de l’encoche à l’aide d’un canif et polir.

Le chevalet

Surveiller le chevalet qui a toujours tendance à pencher en avant à cause de la traction exercée par les cordes et, le cas échéant, le remettre en place. La façon la moins risquée consiste à saisir les cordes les unes appels les autres entre le pouce et l’index contre le chevalet et à le repousser. Les pieds ne doivent pas bailler : autant de vibration qui ne sont pas transmises à la caisse de résonance. La courbe du chevalet se corrige cran par cran avec la petite queue de rat. Polir le cran avec une vieille corde filée et noircir au crayon gras pour faciliter le glissement de la corde. On rehausse une corde trop basse (par exemple un do filé monté sur un chevalet prévu pour un do de boyau) avec un petit morceau de cuir ou de bristol. On rehausse l’ensemble du chevalet avec du carton sous les pieds.

Il est recommandé de placer un coussin sous le cordier pour toutes les opérations du chevalet et d’éviter de détendre toutes les cordes à la fois pour ne pas faire tomber l’âme.

L’âme, ...
décollements, ...
accidents, etc…
les cordes ...

 

Les conseils de Pierre Jaquier sont extraits de :

L’art de jouer la basse de viole (1987), Editions Heugel 33674

           Volume I

1.      un échiquier complexe

Aperçu de la viole Renaissance
Un âge d’or : le XVIIème siècle anglais
Brève incursion en Allemagne
Autour de la grande dame française
Evolution de l’archet
Quelques avatar de la viole

Volume II

2.      la basse de viole française

        Facture de la viole classique à 7 cordes
        Choix d’un instrument
        Conseils d’entretien et d dépannage